Compte-rendu de mandat de Bertrand Delanoë : le maire de Paris renvoie la culture à la rue dans le 13ème arrondissement
Le 9 décembre 2009, lors de son compte-rendu de mandat dans le 13ème arrondissement, aux diverses questions qui lui étaient posées sur le Grand Ecran Italie, le même dialogue de sourds que les années précédentes* s'est instauré entre le maire de Paris et les habitants :
Voir les : QUESTIONS / RÉPONSES
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VIDEO de Bertrand Delanoë"Le Grand Ecran Italie et les projets culturels dans le 13°" |
(sur : DAILY MOTION / AOL VIDEO )
(La fonction "commentaire" ayant été désactivée sur cette video de la mairie de Paris, vous pouvez poster le vôtre en bas de cet article)
Voir ci-dessous le résumé des questions-réponses
et de nos réactions aux propos du maire de Paris
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A un intervenant qui déplorait le déséquilibre entre le nord de Paris (rive droite), où des établissements industriels et commerciaux sont transformés en hauts lieux culturels (comme les anciens Abattoirs de La Villette avec les Cités des Sciences et de la Musique, les Ateliers des Pompes Funèbres avec le "104" rue d'Aubervilliers, les Ateliers Berthier où sont programmés des spectacles du Théâtre de l'Odéon*), et le sud (rive gauche), où on nous inflige exactement le contraire en projetant de transformer en magasins un équipement culturel majeur de la capitale, fleuron du patrimoine du 13ème arrondissement, le maire a répondu que la demande des parisiens évolue, et que Paris est la ville au monde où il y a le plus d'écrans par habitant.
Or aucun de ces motifs ne justifie la fermeture du complexe audiovisuel, désapprouvée par 90% des parisiens, et encore moins la démolition de cette salle unique en Europe, plébiscitée par le public et les professionnels, dans un arrondissement équivalant à la 15ème ville de France en nombre d'habitants, mais en manque d'équipements culturels.
Et quand la même personne lui demande si, compte-tenu de la caducité de la promesse de vente qui condamnait le Grand Écran à devenir une simple extension du centre Italie2, il accepterait de nommer une commission d'études chargée de réfléchir à la sauvegarde et à la remise en valeur de cette salle exceptionnelle, le maire répond qu'il ne peut pas maintenir tout ce qui existait il y a 40 ans (!)
Or le Grand Ecran Italie, inauguré en 1992, était une des salles les plus récentes et les plus performantes de la capitale, fermée sans raison valable par EuroPalaces (Pathé-Gaumont) au bout de 13 ans et demi seulement d'exploitation. Si on suivait le raisonnement du maire, il faudrait raser toutes les salles de Paris (à l'exception des multiplexes), à commencer par le Grand Rex (plus de 70 ans d'histoire, inscrit en 1981 par Jack Lang, alors ministre de la Culture, à l'inventaire des monuments historiques) !
A une autre, qui ne comprend pas pourquoi il persiste à réduire ce superbe complexe audiovisuel à une simple salle de cinéma, ignorant sa polyvalence et ses infrastructures dignes d'une véritable salle de spectacle, Bertrand Delanoë répond qu'il est prêt à soutenir des projets ou évènements culturels dans le 13ème arrondissement, mais qui ne soient pas forcément liés à un lieu (!!)
Or le Grand Ecran Italie était particulièrement adapté à toute forme d'évènements et de manifestations, partie intégrante du cahier des charges (non respecté) d'EuroPalaces-Gaumont.
Au final, le maire renvoie la culture à la rue dans le 13ème arrondissement, et voue à la démolition un équipement culturel d'exception !
Les habitants et les cinéphiles en seront donc réduits à chercher le moyen de projeter des films à grand spectacle ou en 3D dans des conditions optimales d'acoustique, de vision et de confort, de diffuser des retransmissions d'opéras ou de grands évènements sportifs, ou de programmer des concerts, des comédies musicales, du spectacle vivant... ou toute autre manifestation prévue au cahier des charges (congrès, assemblées générales de sociétés...), sur le terre-plein de la place d’Italie, le kiosque du boulevard Blanqui, ou encore dans le square de Choisy (qui dispose d’une scène), sous les rails du métro aérien, parmi les échafaudages d'un chantier... (ou tout autre endroit particulièrement adapté qu'on voudra bien leur signaler sur le site de l’association : http://sauvonslegrandecran.org).
A un troisième intervenant qui s’étonne que la ville la plus riche de France, qui consacre chaque année 8 millions d’euros aux seuls frais de fonctionnement du "104" rue d’Aubervilliers, refuse toute aide à un complexe de l'envergure du Grand Ecran Italie (destiné à attirer des centaines de milliers de spectateurs de toute l'Ile-de-France) le maire répond que Paris n'est pas la ville la plus riche de France, mais les Hauts-de-Seine (!)
Or Paris, contrairement au département des Hauts-de-Seine (qui comprend plusieurs villes), est à la fois ville et département, et dispose de loin du plus gros budget municipal (7 milliards et demi d'euros). Selon l'Expansion, Paris avec son agglomération se classe comme la 5ème ville la plus riche du monde.
Par ailleurs on a peine à croire qu'une capitale mondiale de la culture et du cinéma telle que Paris, qui avec le concours de l'Ile-de-France (1ère région d'Europe) a consacré 100 millions d’euros à la restauration du "104", ne puisse pas soutenir les opérateurs culturels prêts à investir dans la relance de l’activité du Grand Ecran Italie (dont le prix de vente, à simple titre d'exemple - 7 millions d'euros - ne représente à peine qu'un millième de son budget annuel !).
* sans compter la Maison des Métallos dans le 11° qui est une ancienne manufacture, et depuis, le WIP à La Villette, nouveau lieu de la culture hip-hop et de l'art alternatif en lieu et place du pavillon des vétérinaires .
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Une fois de plus, Bertrand Delanoë est resté sourd, aveugle et muet aux préoccupations exprimées année après année par ses administrés sur l'avenir du Grand Ecran Italie. Alors que la situation évolue (le projet commercial est bloqué depuis 2006 par les recours engagés par l'association Sauvons le Grand Ecran, les travaux et la promesse de vente ont été abandonnés - mais pour combien de temps ? - des repreneurs se sont manifestés, etc...), au lieu d’encourager le sauvetage de la plus belle salle de la capitale, le maire nous ressort chaque année les mêmes réponses stéréotypées, qui ne répondent en rien au problème posé.
Sa façon d'expédier la question en quelques phrases lapidaires, de nier jusqu'à l'existence même du prestigieux "Grand Ecran" dont il ne prononce jamais le nom, tient du tour de passe-passe visant à le faire disparaître aussi sûrement que les bulldozers. Décidément, notre maire est un étonnant magicien !
* Voir :
→ "Compte-rendu de mandat de Bertrand Delanoë dans le 1er arrondissement" - Janv. 09
→ "Compte-rendu de mandat de Bertrand Delanoë dans le 13ème arrondissement, les très étranges réponses du maire" - Déc.08
→ "Compte-rendu de mandat de Bertrand Delanoë à la mairie du 13ème, l'attitude inexplicable du maire" - Nov.06
→ "Paris ne peut rien contre la fermeture du Grand Ecran Italie !" (Janv. 06)
→ Le collectif dénonce l'autisme de la mairie (Janv. 06)
Voir aussi :
→ "Réponse de l'association aux propos du Maire du 13ème publiés dans Le Parisien" - Nov. 09
→ Intervention des élus en faveur du Grand Ecran Italie aux différents Conseils Municipaux (Conseils de Paris et du 13ème arrondissement)
→ Récapitulatif des Courriers & Communiqués 2005-2006